Nikola Mirkovic est géopolitologue. Il a publié plusieurs livres sur les guerres en ex-Yougoslavie, sur la guerre en Ukraine et sur l’impérialisme états-unien. À l’approche des élections présidentielles américaines, il nous propose notamment dans cet entretien son analyse sur ce que leur résultat pourrait changer pour les Balkans.
Nikola Mirković, vous êtes géopolitologue spécialiste des Balkans et des pays de l’Est en général, vous avez publié plusieurs livres de géopolitique, dont le plus connu est sans doute votre premier, le Martyre du Kosovo, fondamental pour comprendre la guerre du Kosovo et ses suites. Comment a commencé votre engagement dans les Balkans ?
Je suis né d’un père yougoslave. J’ai beaucoup voyagé dans mon enfance avant de m’installer définitivement en France dans les années 90, au moment où la Yougoslavie a explosé. Même si j’étais encore assez jeune et pas du tout intéressé par les questions politiques ou géopolitiques, j’ai rapidement réalisé que les médias français étaient très antiserbes et qu’il y avait une grosse différence de traitement de l’actualité entre les médias français et ce que je connaissais de la Yougoslavie. J’ai toujours pu aller partout en Yougoslavie quand j’étais enfant, sans aucun problème, je voyais bien qu’on nous présentait une situation qui n’était pas totalement vraie. En 99, l’OTAN bombarde illégalement la Serbie. Ça a été un choc pour moi et j’ai décidé de m’impliquer. Avec ma toute jeune épouse, Française sans aucune attache en Serbie, nous sommes allés sur les ponts de Belgrade comme boucliers humains pour empêcher qu’ils soient détruits.
Quelques années plus tard, j’ai aidé à lancer l’association Solidarité Kosovo suite aux pogroms antiserbes de mars 2004, parce que j’avais compris que l’arrachement du Kosovo à la Serbie par l’OTAN était dramatique pour l’Europe.
Où en est cet engagement aujourd’hui ?
Il s’est un peu réorienté, même si sur le fond rien n’a changé. J’ai donc aidé à développer Solidarité Kosovo, en faisant plusieurs dizaines de missions au Kosovo-Métochie. J’ai aussi commencé rapidement à faire des conférences pour lever des fonds pour l’association, ce qui m’a poussé à me documenter de plus en plus en profondeur. Pour compiler le résultat de ces recherches, j’ai écrit le Martyre du Kosovo, qui au départ n’était destiné qu’à être vendu à la fin de ces conférences, mais un éditeur l’a repéré et l’a sorti. Aujourd’hui, il en est à son deuxième éditeur et à sa troisième édition. Le succès de ce livre a fait que j’ai été sollicité par des médias et des gens de tous horizons sur des questions géopolitiques, d’abord sur la Serbie, puis sur les Balkans, et de plus en plus largement.
En 2013, j’ai suivi la révolution de couleur en Ukraine et les événements du Maïdan, et j’ai compris qu’il arrivait là-bas la même chose qu’en Yougoslavie, puissance 1000, que ça allait forcément entrainer l’Europe dans la guerre. J’ai alors décidé de faire un pas de côté vis-à-vis de Solidarité Kosovo – dont je fais néanmoins toujours partie du conseil d’administration aujourd’hui – et de créer l’association Ouest-Est, avec le but de travailler à rapprocher l’Ouest et l’Est de l’Europe pour lutter contre la division voulue, pensée et entretenue par Washington. J’ai travaillé à sensibiliser les Européens de l’Ouest – les Français en premier lieu bien sûr – sur ce qui se passait. En décembre 2014, je m suis rendu dans le Donbass en guerre, d’abord pour voir, pour sentir, pour comprendre ce qui se passait. Mais je ne me voyais pas arriver les mains vides, on a donc fait des distributions de produits de première nécessité dans les rues, à quelques centaines de mètres des combats parfois.
Depuis, j’y suis allé tous les ans, sauf pendant le Covid. J’apportais la solidarité de l’Ouest et je rapportais des infos de l’Est. J’ai essayé de prévenir de ce qui allait se passer. J’ai écrit un livre sur le sujet, le Chaos ukrainien. Ouest-Est a commencé à se faire connaître, et a connu un gros pic d’exposition en 2022, quand le conflit s’est aggravé. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de développement : nous essayons de nous rendre dans d’autres pays pour étendre l’action de Ouest-Est et répondre mieux à notre objectif de rapprocher « l’Ouest et l’Est ». Nous avons une mission en cours au Kosovo, la rénovation d’une église dans l’enclave serbe de Novo Brdo, et nous travaillons sur une autre en Pologne. Le Donbass restera évidemment une mission fondamentale pour nous, mais nous voulons nous étendre à d’autres régions.
Mais l’objectif de Ouest-Est n’est pas seulement humanitaire…
En effet, l’aspect humanitaire, s’il est le plus visible, n’est qu’un des trois aspects de notre travail. Le deuxième consiste à mieux faire connaître aux Européens la richesse de leurs cultures, avec leur grande diversité qui repose néanmoins sur une base civilisationnelle commune très importante. Nous sommes convaincus que le premier pas vers la paix est de se connaître mieux mutuellement. Le troisième est celui de la réflexion, du travail académique sur ce que serait une autre Europe non-atlantiste, un travail de recherche qui consiste d’une part à analyser ce qui fait que l’Europe est divisée. Mon livre l’Amérique Empire, qui analyse comment l’impérialisme américain travaille à diviser l’Europe pour mieux régner, participe de ce deuxième aspect, de même que la bande-dessinée Bienvenue au Kosovo, sortie il y a 5 ans presque jour pour jour.
L’Amérique justement… Nous sommes à quatre semaines des élections américaines. Selon le résultat de cette élection, qui est encore aujourd’hui impossible à prévoir, que pensez-vous qu’elle changera pour les Balkans ?
En effet, il est impossible de prévoir le résultat aujourd’hui : ceux qui ont le pouvoir actuellement sont sans doute prêts à tout pour le garder, tout peut arriver…
Quoi qu’il en soit, je pense que le résultat ne changera pas grand-chose pour les Balkans. En effet, les États-Unis sont dans une situation extrêmement compliquée en ce moment. Le mandat de Joe Biden a commencé sur un désastre avec le départ catastrophique d’Afghanistan il y a quatre ans, après des années de guerre, 2,3 milles milliards de dollars dépensés et des milliers de morts et dizaines de milliers de blessés, tout ça pour rien. Et il se termine avec un monde déchiré, l’Europe en feu, le Proche-Orient aussi, et les États-Unis qui n’arrivent plus à être les gendarmes du monde. Dans tout ça, je ne crois pas que la priorité du prochain Président sera les Balkans.
Il y aura quand même quelques nuances selon le résultat. Harris n’a aucune vision sur la politique internationale. Elle suivra sans aucun doute son administration qui voudra régler d’abord le Proche-Orient tout en continuant d’affaiblir la Russie : les États-Unis continueront de « se battre jusqu’au dernier Ukrainien », quitte à perdre l’Ukraine à la fin, ce qui semble difficilement évitable. Dans ce cadre, en marge, ils continueront à mettre la pression sur la Serbie pour qu’elle se détourne de la Russie et de la Chine.
Si c’est Trump qui l’emporte, ça dépendra aussi beaucoup de la façon dont il s’entourera. Il est probable qu’il essaiera de pacifier un des deux brasiers dont on a parlé, et je pense que ça sera l’Ukraine, et qu’il se focalisera sur la politique intérieure, le Moyen-Orient et la Chine. En ce qui concerne les Balkans, Richard Grenell, son envoyé spécial dans les Balkans lors de son premier mandat, avait un regard plutôt neutre et dépassionné sur la région, il a laissé partout une impression plutôt positive, en tout cas auprès de ceux qui cherchent l’apaisement. Je pense quand même qu’il cherchera lui aussi à faire en sorte que la Serbie se rapproche plus de l’Ouest que de l’Est, mais il le fera de façon moins frontale que Harris.
Dans tous les cas, la situation ne changera pas radicalement sous ce nouveau mandant, en tout cas pas à cause des États-Unis. Je pense qu’au fond les États-Unis ont changé de stratégie sur la Serbie : comme ils n’ont pas réussi à l’avoir aux forceps, ils travaillent maintenant plus sur le long terme, en essayant de la travailler lentement, sur le long terme. C’est un danger tout aussi important pour la Serbie.
Depuis six mois, l’Ouest semble commencer à ouvrir les yeux un peu sur l’Ukraine, à comprendre que la Russie ne gagnera peut-être pas, mais ne perdra sûrement pas vu l’immense supériorité numérique et industrielle qu’elle a sur l’Ukraine, et même sur l’Union Européenne. Est-ce qu’on ne va pas commencer à s’inquiéter de la Serbie qui voudrait reprendre le Kosovo ? Est-ce qu’on ne va pas s’acharner un peu plus pour faire plier les Serbes, vu qu’on n’a pas réussi à faire plier les Russes ?
C’est en effet une possibilité. Les néo-conservateurs atlantistes n’envisagent pas un monde où les États-Unis ne sont pas les plus puissants. Effectivement, s’ils perdent l’Ukraine, ça envoie un message au reste du monde : l’Empire a atteint ses limites, il n’est plus tout-puissant. Certains pays qui n’osaient pas aller contre les décisions des États-Unis par peur des répercussions vont peut-être sentir qu’il y a un créneau. Je pense que c’est pour ça que les États-Unis ont déjà commencé à nuancer leur soutien à l’Ukraine, d’ailleurs. Mais l’enjeu pour les néo-cons va être de « perdre sans perdre », de trouver un moyen de transformer cette défaite en victoire, pour pouvoir continuer comme avant.
L’Ukraine ouvre effectivement une brèche pour d’autres régions du monde. Si la Russie peut reprendre la Crimée et le Donbass, alors pourquoi la Serbie ne pourrait pas reprendre le Kosovo qu’on lui a pris illégalement ? Avec toujours l’OTAN – paravent de moins en moins discret des États-Unis – comme coupable, c’est d’autant plus facile et efficace. Les États-Unis ne pourraient alors pas s’en sortir sans une nouvelle guerre majeure, qui réinstalle leur supériorité évidente sur le reste du monde. Peut-être en l’occurrence que Trump, avec son côté businessman un peu cynique, serait le plus à même de décider de mener ces négociations rapidement, plutôt que plus tard au risque de perdre encore plus.
Revenons un instant sur Richard Grenell, que vous avez évoqué plus haut. Il s’est montré très attentif au point de vue des Serbes, notamment pour le Kosovo-Métochie. Il a eu de bons rapports avec l’Église orthodoxe serbe, qu’il a aidé à obtenir gain de cause auprès de tribunaux du Kosovo notamment à Visoki Dečani, sur l’histoire de cette autoroute qui devait passer à quelques mètres de l’église du monastère, ou sur les terres qu’il ne parvenait pas à récupérer depuis plus de 15 ans. S’il revenait aux affaires, dans quelle mesure pourrait-il faire en sorte que la situation des Serbes du Kosovo, très tendue ces deux dernières années, s’améliore ?
Il ne fait aucun doute que Grenell a effectivement bien compris la situation des Serbes au Kosovo-Métochie. Il n’est pas du tout pour un retour du Kosovo dans la Serbie mais a un vrai souci du bien-être de toutes les communautés au Kosovo. Il a comme vous le dites plusieurs fois fait entendre sa voix pour que leurs droits soient respectés, et ce avec un certain succès à plusieurs occasions.
Il n’a pas eu peur de s’attaquer frontalement à l’administration albanaise. Aujourd’hui, les Albanais font ce qu’ils veulent contre les Serbes, quelques vagues protestations mises à part. Albin Kurti travaille activement à effacer les traces du passé serbe du Kosovo, d’autant plus qu’il sait qu’il a les mains libres, et qu’il sait que ça ne durera peut-être pas. Une personne comme Grenell pourrait stopper ces attaques et ralentir le mouvement d’exode des Serbes épuisés vers la Serbie centrale. Avec une nuance tout de même : les Albanais ont une grosse force de frappe aux États-Unis, avec des lobbies puissants, ce que les Serbes ont beaucoup moins, même s’ils ont repris les choses en main après les désastres sur ce plan-là de l’éclatement de la Yougoslavie.
Alors que les États-Unis ont un pouvoir énorme sur les Balkans, avec des bases militaires un peu partout, des associations subventionnées, des leaders tout acquis à leur cause, beaucoup présentent l’influences russe (et chinoise dans une moindre mesure) comme beaucoup plus importantes qu’elles ne sont réellement. L’aide russe à la Serbie par exemple est cinq fois moins importante que l’aide de l’Union Européenne. Qu’en est-il vraiment de cette influence russe ?
La Russie est très importante pour les Serbes. C’est un peuple slave et orthodoxe, donc un peuple frère. Ils ont toujours été alliés, même en 1999 alors que le monde occidental semblait vouloir la fin de la Serbie. Certes, elle n’a pas pu faire grand-chose à l’époque, mais il y a quand même eu ce soutien moral qui a été très important pour les Serbes, et qui est encore très prégnant aujourd’hui : « les Russes, eux, ne nous ont pas bombardés ». Leur aide est ainsi bien mieux acceptée, et bien plus mise en avant par les Serbes eux-mêmes. Soyons honnête, pour les Serbes européistes c’est surtout un moyen de demander encore plus de soutien à l’Ouest, pour « lutter contre l’influence russe ». Et aujourd’hui, les Russes continuent de soutenir la Serbie, notamment sur la question du Kosovo. On se souvient qu’en septembre 2021 l’ambassadeur de Russie à Belgrade s’était rendu sur la ligne administrative avec le Kosovo, à un moment de grande tension. C’est un soutien diplomatique fondamental.
Est-ce que Poutine n’est pas déçu de l’attitude de la Serbie, qui promet beaucoup à la Russie mais donne peu ? On pense notamment aux mercenaires serbes ayant combattu dans le Donbass et qui sont interdits de retour en Serbie, à l’achat du Rafale plutôt que d’avions russes – même si la Serbie achète aussi du matériel russe dans d’autres domaines –, ou aux nombreux entrainements que fait la Serbie avec l’OTAN plutôt qu’avec la Russie. La Russie ne se lasse-t-elle pas aussi un peu de ce qu’elle peut voir comme un manque d’enthousiasme des Serbes ?
Ce qui est certain, c’est que Vučić joue en ce moment le jeu délicat du « en même temps » : il veut être un pont entre l’Ouest et l’Est, ce que les Serbes ont toujours été d’une certaine façon. Vučić a par exemple toujours refusé d’appliquer des sanctions contre la Russie, tout en condamnant l’invasion en Ukraine. Il achète le Rafale (qu’il équipera d’ailleurs de missiles russes et chinois) mais achète aussi le Pantsir à la Russie, etc. La Serbie bénéficie toujours du gaz russe à un bon prix, qu’elle ne peut pas se permettre de perdre puisque son économie repose en grande partie dessus, mais touche aussi beaucoup d’aides européennes, on l’a vu. Vučić doit donc jouer sur les deux tableaux, d’autant plus que les cartes semblent se redistribuer et que choisir un camp aujourd’hui impliquerait de prendre le risque de choisir le futur perdant… C’est un jeu d’équilibriste délicat, et il s’en sort plutôt pas mal pour l’instant.
Pensez-vous qu’il y a des lignes rouges qu’il ne puisse absolument pas franchir ?
Pour la Russie, la ligne rouge serait l’intégration à l’OTAN. L’Union Européenne, ça ne serait pas un problème, je pense même que la Russie y trouverait du positif, mais l’engagement dans une union militaire est hors de question.
Pour l’Ouest, je pense que ça serait une collaboration plus active avec la Russie notamment sur le plan militaire, même si la Serbie n’aurait pas grand-chose à lui apporter.
Concernant l’influence russe dans les Balkans, le Monténégro est depuis une quinzaine d’années investi massivement par les Russes, dans tous les domaines. La Russie devrait donc avoir un impact gigantesque au Monténégro, mais on voit bien que ce n’est pas vraiment le cas. La Russie a par exemple laissé le Monténégro devenir indépendant en 2006, coupant ainsi la Serbie de son dernier accès à la mer. Il est aussi rentré dans l’OTAN en 2017. Y a-t-il là aussi une volonté de punir la Serbie ?
Je pense qu’il y a aussi une vérité qu’il ne faut pas négliger : cette question se base sur l’idée que la Russie agirait comme les États-Unis. Un pays dans notre sphère d’influence agit contrairement à nos intérêts ? On manipule des associations sur place, on finance des grandes manifestations, on lance une révolution de couleur… La Russie ne fonctionne pas comme ça : sa priorité est toujours d’assurer la sécurité à ses propres frontières, pas de se projeter à distance pour assurer ses intérêts. Par ailleurs, jusqu’à il y a peu, la Russie était très mauvaise dans l’usage du « soft-power », même s’ils commencent à rattraper leur retard sur ce point. Aujourd’hui, ce qui se passe au Monténégro est très intéressant, mais malgré une volonté claire du peuple de se distancer de l’OTAN et de resserrer les liens avec la Serbie, il n’y a pas encore le courage politique de le faire. Et s’il est certain que les Russes regardent ce qui se passe avec grand intérêt, ils n’ont pas encore le savoir-faire des États-Unis pour influencer un pays étranger au point de le garder dans son orbite malgré la volonté populaire.
Ce savoir-faire des US, on l’a vue notamment en Serbie, puisque c’est une de ces révolutions de couleur qui a provoqué le départ de Milosević, la « révolution des bulldozers ».
Le grand crime de la Yougoslavie de Milosević a été de ne pas s’aligner sur l’atlantisme (comme d’ailleurs celle de Tito ne s’est pas alignée sur l’URSS), de ne pas se soumettre complètement au dollar, au FMI ou à la Banque mondiale par exemple. Pour le punir, les États-Unis ont mis de l’huile sur les feux des nationalismes, qui existaient bien sûr, mais qui ont été exacerbés volontairement pour faire exploser la Yougoslavie. La Yougoslavie démembrée, les Serbes ont quand même gardé Milosević, qui était pourtant présenté partout comme le nouvel Adolf Hitler. Alors l’OTAN a bombardé la Serbie, en choisissant d’ailleurs des cibles majoritairement civiles pour faire craquer les Serbes. Au contraire, encore une fois, ces derniers se sont soudés derrière Milosević. Alors les États-Unis ont organisé une révolution, financé des mouvements d’opposition au sein de la société civile pour militer contre Milosević, de façon de plus en plus radicale, en portant un discours très pro-européen et pro-atlantiste. On se souvient de l’action importante dans le mouvement anti-Milosević des ONG américaines comme Freedom House, US Aid, Open Society, etc.
Aujourd’hui, ces anciens réseaux se réactivent, et d’autres apparaissent, contre Vučić, parce qu’il dérange lui aussi l’hégémonie atlantiste. Alors on essaie de faire pression sur lui pour le faire partir et le remplacer par une opposition plus proche de l’Ouest, voire contrôlé par lui. Les médias atlantistes serbes prennent systématiquement position contre Vučić, des manifestations sont organisées sous tous les prétextes. Malgré tout, pour l’instant Vučić résiste. Et il résiste sans doute d’autant mieux qu’il n’est plus seul dans la région à le faire : Orban aussi résiste en Hongrie, Fico également en Slovaquie. Il se passe clairement quelque chose d’intéressant en Europe centrale.