Dans l’environnement politique global actuel, le lobbying est l’un des outils les plus puissants pour influencer les décisions des décideurs politiques et façonner les relations internationales. Pour le peuple serbe, le lobbying est d’une importance cruciale car il permet de faire connaître les intérêts, les positions et les faits historiques de la Serbie dans les pays d’Europe occidentale et au-delà. Une stratégie de lobbying efficace peut modifier les perceptions, construire des alliances et contribuer à un rapprochement économique, politique et culturel avec les acteurs clés dans le monde, ce qui est particulièrement essentiel à un moment où les politiques européennes se tournent de plus en plus vers les partenaires régionaux. Le lobbying ne garantit pas seulement la visibilité des intérêts serbes, mais il ouvre également la voie à la réalisation d’objectifs à long terme, notamment en matière de stabilité et de prospérité dans les Balkans.
Quelques jours à peine après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, il est clair que le peuple serbe dispose d’une opportunité de quatre ans pour renforcer ses relations avec le monde occidental. Le président serbe Aleksandar Vučić a, depuis plusieurs années, tissé des liens étroits avec le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, offrant ainsi à la Serbie une ligne de communication quasi directe avec l’ancien et futur président des États-Unis.
Un des avantages immédiats de l’élection de Donald Trump est le bouleversement des relations entre son administration, les États-Unis et l’Union européenne. L’establishment européen pourrait bientôt se retrouver en position de défense face à une politique étrangère américaine imprévisible, laissant à la Serbie une fenêtre d’opportunité pour renforcer sa position sur les scènes internationale et européenne. Ce blocage potentiel au sein de l’Union européenne ouvre une porte pour dialoguer avec des mouvements patriotiques partout en Europe, que ce soit en Italie, en Espagne, en Autriche ou en France.
Cependant, en tant que spécialiste des relations internationales, je constate que le lobbying ne doit pas se limiter aux relations de haut niveau entre présidents, mais s’étendre à tous les échelons du pouvoir : députés, sénateurs, maires, associations.
C’est précisément cette stratégie de lobbying qui, au cours des dernières années, a permis d’obtenir des résultats concrets dans nos relations avec la France. Par des actions organisées et des objectifs clairement définis, le collectif a réussi à rapprocher la situation et les besoins du peuple serbe des acteurs importants de la scène politique française, et à garantir un soutien au sein des institutions clés.
Depuis plusieurs années, je collabore avec le Collectif d’amitié franco-serbe, une association française visant à renforcer les relations entre la France et la Serbie par des actions de lobbying. Ce collectif organise régulièrement des visites d’élus français – maires, députés européens, sénateurs – en République serbe de Bosnie ainsi que dans notre province serbe, le Kosovo et la Métochie. C’est au cours de l’un de ces voyages que j’ai rencontré certains membres du collectif, et notre collaboration est née. Leur mission est de sensibiliser les élus français à la situation du peuple serbe et à ses enjeux, dans l’espoir de trouver des alliés qui, demain, pourraient influencer les décisions en France et dans l’Union européenne. Grâce à eux, nous avons désormais des relais au Parlement européen, au Sénat français, et même à l’Assemblée nationale.
Lors de la sortie du film russe Balkan Line sur la guerre au Kosovo, les cinémas français avaient refusé sa diffusion. Le collectif a donc organisé une projection à Paris.
De nombreuses collaborations ont suivi, notamment une rencontre entre Marine Le Pen et Željka Cvijanović, membre de la Présidence de Bosnie-Herzégovine représentant le peuple serbe, la première interview de notre président Milorad Dodik à une chaîne française, et la venue de journalistes français en République serbe de Bosnie. J’ai également aidé à organiser récemment un voyage d’élus français à Banja Luka, où le président Dodik a pu exposer à cette délégation le point de vue serbe sur les enjeux en Bosnie, y compris la question du djihadisme dans la région. Un voyage au Kosovo et la Métochie a ensuite permis aux élus de constater les conditions difficiles dans lesquelles vivent nos compatriotes serbes.
Après le travail humanitaire remarquable du Français Arno Gujon au Kosovo-Métochie, ce collectif franco-serbe apporte un soutien politique, complémentaire aux actions humanitaires. Le travail de lobbying politique, bien que moins visible sur les réseaux sociaux, est pourtant essentiel, car il s’agit d’actions concrètes qui vont au-delà de la simple communication.
Il est crucial que le peuple serbe et ses représentants politiques et religieux saisissent l’importance de cette stratégie de lobbying à tous les niveaux, que ce soit au niveau étatique, comme le font Vučić et Dodik, ou parlementaire, à l’image de notre travail avec le collectif franco-serbe. Depuis quarante ans, l’histoire s’écrit trop souvent contre nous. Nous avons aujourd’hui une opportunité de nous faire entendre et de défendre notre vision, et de garantir au peuple serbe un avenir stable et pacifique sur ses terres ancestrales. Ne la manquons pas.
Le Docteur Siniša Pepić enseigne actuellement à l’Apsley Business School à Londres, et est également professeur invité à l’American University in the Emirates à Dubaï. Il est le fondateur de STRATOS, cabinet de conseil en intelligence stratégique, en développement économique et en affaires internationales.