Site icon Balkans-Actu

L’Albanie accueille des migrants envoyés par l’Italie

Mercredi 16 octobre, 16 migrants sont arrivés en Albanie depuis l’Italie, dans le cadre d’un accord signé entre les deux pays. Selon cet accord, qui ne concerne que les hommes adultes interceptés par des Italiens dans leur zone de recherche et de sauvetage dans les eaux internationales, ces migrants verront leur demande d’asile en Italie traitée en Albanie. Si la demande est acceptée, ils seront ensuite rapatriés en Italie ; sinon, ils seront renvoyés dans leur pays directement depuis l’Albanie.

Ce premier contingent est arrivé le 16 octobre dans le port de Shëngjin, dans le nord du pays, où ils ont été accueillis sur le port pour une première série de contrôles avant d’être envoyés plus loin dans les terres, à Gjadër, dans un camp d’accueil provisoire. 

Le 18 octobre, quatre d’entre eux étaient déjà repartis, deux pour raisons de santé, deux parce qu’ils sont mineurs.

Plusieurs ONG européennes sont déjà montées au créneau pour dénoncer cet accord. L’International Rescue Committee dénonce par exemple « une dangereuse expérience politique », et SOS Humanity parle d’une démarche « profondément inhumaine ».

Du côté des habitants, des craintes se sont également fait entendre, mais pas pour les droits humains des migrants. Beaucoup craignent que les migrants « s’évadent » de ces camps d’accueil, ce qui provoqueraient « des problèmes de délinquance ». 

Il faut rappeler que l’Albanie a été en seconde ligne dans la crise migratoire ces années passées, puisqu’une grande partie des migrants arrivés en Grèce sont ensuite passés par l’Albanie pour rejoindre le Kosovo ou le Monténégro, d’où ils espéraient pouvoir rejoindre un pays de l’Union Européenne. L’idée d’augmenter ce chiffre de 36 000 personnes supplémentaires par an, comme le prévoit cet accord, n’est pas sans inquiéter dans le pays, mais aussi dans toute la région. Un rapport de Frontex indiquait que 26% des migrants arrivés en Europe en 2023 étaient passés par les Balkans Occidentaux, ce qui avait poussé les pays de l’Union Européenne à envoyer des officiers de la police des frontières dans la région. L’Albanie à elle seule en a accueilli jusqu’à 160 simultanément l’an dernier. 

Le 15 octobre, à la veille de l’arrivée de ce premier contingent, le Premier ministre de Grande-Bretagne Keir Starmer, s’était déclaré prêt à envoyer lui aussi des demandeurs d’asile en Albanie. Edi Rama, Premier ministre albanais, a déclaré le même jour que cet accord n’était pas destiné à être étendu à d’autres pays. Néanmoins, il semble que plusieurs pays européens suivent cette affaire avec intérêt, pour peut-être essayer de négocier d’autres accords du même type si l’expérience se révélait concluante.

Quitter la version mobile