Dimanche 12 janvier s’est tenu le deuxième tour des élections présidentielles en Croatie. Zoran Milanović, président de gauche sortant, était opposé à Dragan Primorac, officiellement candidat indépendant mais soutenu par l’Union démocratique croate (en croate : Hrvatska Demokratska Zajednica, HDZ), le principal parti politique croate de droite, fondé en 1989 par le nationaliste Franjo Tuđman.
Le premier tour avait été marqué par une avance massive du Président sortant, qui avait même failli passer sans second tour puisqu’un sondage à la sortie des urnes l’a à un moment donné vainqueur avec plus de 50% des suffrages exprimés.
Finalement, Zoran Milanović l’emporte avec près de 75% des suffrages exprimés. Un score massif – qui constitue d’ailleurs un record en Croatie – qu’il convient de mettre en perspective avec un taux d’abstention massif lui aussi puisque moins de 35% des électeurs se sont déplacés pour voter, plus basse participation à un second tour depuis 25 ans. Ce qui n’empêche que le nouveau Président a convaincu plus de 300 000 électeurs supplémentaires entre les deux tours.
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Plus marquant en revanche : Milanović est arrivé en tête dans les 21 comitats de Croatie, même ceux qui sont habituellement acquis à la droite.
À l’étranger, Primorac a plutôt convaincu les diasporas du bloc Ouest (Canada, France, Allemagne), tandis que Milanović a emporté les pays plus à l’Est (les Balkans, la Russie, la Pologne, les pays scandinaves, etc.), un découpage qui est totalement cohérent avec les positions défendues par chacun des candidats sur la scène internationale. En effet, le parti du candidat malheureux – qui est aussi le parti du premier Ministre Andrej Plenković – est partisan d’un rapprochement de la Croatie de l’Union Européenne et de l’Otan, tandis que son opposant a plusieurs fois par exemple fait part de son refus de rejoindre l’Ouest dans ses sanctions contre la Russie, ou d’envoyer des troupes croates en Ukraine.
Ce clivage politique risque d’ailleurs d’être au cœur de la politique en Croatie pour encore quelques années. En effet, le pays se prépare à trois nouvelles années de cohabitation entre Zoran Milanović et Andrej Plenković, réinstallé à son poste de premier Ministre suite aux élections législatives d’avril 2024. Une cohabitation que de nombreux Croates semblent redouter, rares étant les analystes qui considèrent que les deux hommes pourraient chacun faire un pas faire l’autre pour gouverner ensemble.