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Emir Kusturica s’en prend au magnat de la téléréalité serbe Željko Mitrović 

Quelque temps après l’ouverture du théâtre Odéon lancé par Željko Mitrović en septembre dernier, le célèbre réalisateur serbe Emir Kusturica publie un texte à charge contre le magnat de la téléréalité serbe.

Mitrović est une figure célèbre en Serbie, tristement connu pour sa personnalité mégalomane et son goût pour le kitsch, il doit largement sa carrière d’entrepreneur à sa chaîne de télévision “Pink”. Son nom revient régulièrement dans la presse people serbe à l’occasion de ses déboires (ou ceux de son fils, qui avait tué une passante à bord de son imposante voiture) ou de ses téléréalités plus vulgaires les unes que les autres. 

Dans son texte pour Iskra, Kusturica alerte sur l’état de la société serbe actuelle, en disant que c’est bien elle qui a enfanté le jeune de 13 ans auteur d’une tuerie de masse dans une école belgradoise en mai 2023. Une Serbie où « une pute ordinaire peut se hisser en haut de la société » grâce au nombre de vues qu’elle recueille, selon le réalisateur. Mitrovic est souvent accusé d’être le principal responsable de la dégradation de la société serbe, la polémique ne risque pas de se calmer avec sa pièce de théâtre Lu (pour Lucifer) qui a inauguré son nouveau théâtre. À cette occasion, note Kusturica, nous avons pu voir le magnat serbe marcher sur l’eau, se prendre pour Dieu, à l’image de l’idéologie promue par Yuval Noah Harari.

Quant est-il de la société serbe d’aujourd’hui ? Le théologien russe Vladimir Basenkov, spécialisé dans les relations serbo-russes, souligne que le peuple serbe n’a pas encore perdu le sens du sacré. Il souligne que les autorités serbes ont toujours des liens avec l’Eglise mais que les artistes et personnes talentueuses manquent de soutien. Selon lui, l’inauguration du théâtre de Mitrović est une parodie de la cérémonie des JO, visant à subvertir toujours plus le peuple serbe via la bataille de l’attention, en propageant des valeurs « occidentales ».

« Nous avons remis en question tout ce qui était dans notre tradition. Pas seulement le folklore, la tradition, le fait que nous soyons le pays de ceux qui ont combattu à Cer, qui ont libéré le Kosovo en 1912, de ceux qui ont donné leur sang dans deux mouvements antifascistes. Nous sommes arrivés au point où notre vision principale de la fiction n’est pas celle d’un seul grand écrivain. Depuis la création de Pink et en donnant sa chance à Mitrović, qui est en passe de devenir Saint Mitrović, beaucoup a été fait en faveur de la dégradation de l’homme qui accompagne le progrès technique qui a été abusé pour des raisons égoïstes », conclut Kusturica.

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