Explosion d’un canal au Kosovo : à qui profite le crime ?

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Une explosion a endommagé le canal Ibar-Lepenac dans le nord du Kosovo vendredi 29 novembre au soir. Ce canal dessert en eau des milliers d’habitants, notamment ceux des villes de Kosovska Mitrovica, à majorité serbe, et de Priština, la capitale, ainsi que deux centrales thermiques produisant de l’électricité. Une unité d’intervention technique est rapidement intervenue afin de limiter les dégâts, qui devraient rester minimes.

Des accusations mutuelles 

Le premier ministre kosovar Albin Kurti a immédiatement accusé la Serbie de cet “acte terroriste”. Les médias albanais ont largement relayé ces accusations, ainsi que de nombreux relais albanais sur les réseaux sociaux. Plusieurs arrestations ont été annoncées par les autorités de Priština, mais aucune preuve tangible de l’implication de la Serbie n’a encore été produite. 

La Serbie a immédiatement nié être responsable de cette attaque, et accuse au contraire Albin Kurti de se livrer à une tentative de déstabilisation, alors que les attaques contre les Serbes se sont encore intensifiées ces derniers jours. Le président Aleksandar Vučić a annoncé appeler les partenaires internationaux à prendre part à l’enquête, tout en déclarant que ces accusations “hâtives” étaient “profondément irresponsables”. 

Cette dernière déclaration fait bien entendu allusion aux événements de 2004, quand la noyade d’un jeune Albanais, attribuée sans preuve aux Serbes, avaient été le déclencheur de plusieurs jours de pogroms antiserbes partout au Kosovo. Des dizaines d’églises avaient été détruites, des milliers de Serbes chassés de chez eux. L’accusation s’était ensuite révélée totalement infondée.

Arnaud Gouillon, ministre serbe de la diplomatie publique et culturelle, dénonce lui aussi dans un communiqué “le jeu inquiétant des autorités provisoires de Pristina, qui s’en prennent à la Serbie de manière systématique pour fédérer leur électorat, apaiser leurs tensions internes ou détourner l’attention de leurs défaillances politiques, économiques ou sociales”.

Du côté des représentants internationaux et des ambassadeurs, l’accent a été sur la condamnation de cet acte, sans prise de position entre les deux camps. Le ministère français des affaires étrangères a notamment appelé à ce que “toute la lumière soit faite sur cet attentat” et à ce que « les auteurs soient traduits devant la justice kosovare ». 

À qui profite le crime ?

De tous ceux qui accusent les Serbes pour cet attentat, aucun n’est capable de fournir non seulement la moindre preuve, mais surtout le moindre argument en faveur de cette hypothèse. Et force est de constater que tout semble bénéficier à Albin Kurti. 

  • La Russie, soutien naturel de la Serbie, est occupée en Ukraine, et depuis quelques jours également en Syrie. Elle ne peut rien faire pour venir en aide à la Serbie en cas d’escalade, alors qu’elle avait recommencé à partir de 2020 à se montrer à ses côtés lors des épisodes tendus. 
  • Donald Trump, bien qu’élu, n’est pas encore au pouvoir et n’a donc pas encore la possibilité de calmer la situation, comme beaucoup d’observateurs pensent qu’il tentera de le faire. Kurti pourrait donc voir les quelques semaines qui restent avant l’installation de Trump comme sa dernière chance d’agir avec les mains libres.
  • Des élections législatives se tiendront en février au Kosovo. Le parti d’Albin Kurti a déjà axé sa communication sur la lutte contre les Serbes, cet événement pourrait être un pas de plus dans cette direction. 
  • Enfin, l’arrestation le 30 au matin de Dušan Milanovic, fondateur du portail d’information “Kosovo Online”, laisse penser que Kurti pourrait profiter de l’événement pour museler encore un peu plus l’opposition serbe. 
Image de La rédaction de Balkans-Actu

La rédaction de Balkans-Actu

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