Mardi 17 décembre à Bruxelles, les négociateurs de la Serbie, Petar Petković, et du Kosovo, Besnik Bislimi, en présence de l’envoyé spécial de l’UE pour le dialogue Miroslav Lajçak, sont parvenus à un accord sur la mise en oeuvre d’un accord sur la recherche des personnes disparues dans la région à partir de 1998. Les deux parties se sont accordées sur la création d’un groupe de travail conjoint chargé de superviser la mise en œuvre d’une déclaration qui avait été adoptée en mai 2023 par le président serbe Aleksandar Vučić et le premier ministre du Kosovo Albin Kurti.
Cet accord est fondamental pour permettre de mener à bien les recherches de 1607 personnes qui sont toujours portées disparues, quand 4458 ont été retrouvées, selon le service diplomatique de l’Union européenne.
Les deux négociateurs se sont chacun de leur côté félicité de cet accord, insistant tous les deux sur le fait que ces recherches doivent être menées à bien pour d’une part permettre aux familles des disparues de connaître enfin la vérité, d’autre part laisser une chance à la paix de s’installer durablement dans les Balkans. En revanche, chacun a accusé l’autre du retard pris dans ces négociations : Besnik Bislimi a ainsi déclaré à Koha que la Serbie avait fait preuve d’une “tendance injustifiable à des atermoiements” et de “manque de coopération”, tandis que Petar Petković affirmait à Kossev que “La Serbie est celle qui a été constructive dans tous les accords et arrangements”.
Ce dernier a également précisé avoir profité de cette réunion pour “parler ouvertement de tous les incidents, attaques et de tout ce que Pristina fait à travers ses actions unilatérales” en se félicitant aussi de ce que les échanges ont également porté sur la question de la communauté des municipalités serbes au Kosovo. Là aussi, l’accusation a été à double-sens, Besnik Bislimi annonçant de son côté que “les violations par la Serbie de l’accord de Bruxelles de 2023 avaient été soulignées” lors de cette rencontre.
Le texte de la déclaration :
Nous nous engageons conjointement à :
- veiller à la pleine mise en œuvre des obligations correspondantes dans le domaine des personnes disparues,
- coopérer étroitement à l’identification du lieu de sépulture et au suivi des fouilles,
- fournir un accès complet à des informations fiables et précises pour aider à localiser et identifier les personnes disparues restantes entre le 1er janvier 1998 et le 31 décembre 2000. Cela comprend tous les documents, notes, commandes, documents, vidéos, enregistrements audio, ainsi que tout autre document, y compris ceux marqués comme confidentiels, en possession des institutions des deux parties, pertinent dans ce contexte,
- mettre à disposition tous les documents nationaux et internationaux importants pour déterminer le sort des personnes disparues restantes,
- utiliser les données satellite, le LIDAR et d’autres technologies avancées pour détecter les charniers,
- faciliter et encourager la participation active des familles des personnes disparues au processus visant à découvrir leur sort,
- garantir de manière adéquate les droits et répondre aux besoins des familles des personnes disparues,
- créer et travailler ensemble au sein d’une commission mixte présidée par l’Union européenne et supervisée par le CICR pour soutenir les efforts visant à résoudre le sort des personnes disparues restantes,
- surveiller et soutenir le travail et les progrès réalisés par le Groupe de travail sur les personnes disparues par l’intermédiaire de la Commission mixte. Dans ce contexte, les parties réviseront et mettront à jour les tâches et le cadre général du groupe de travail.