Novak Djoković a quitté l’Open d’Australie le vendredi 24 janvier après son abandon sur blessure face à Aleksander Zverev en demie-finale. Une fin décevante pour un tournoi qui ne laissera sans doute pas un souvenir impérissable au Serbe, et marque une nouvelle étape dans la relation compliquée entre le joueur et ce pays. Novak Djoković aura d’ailleurs quitté le court sous les huées du public, ce qui poussera son adversaire du jour à se lancer dans une longue diatribe contre ce même public dans son interview d’après-match : “S’il-vous-plaît, ne huez pas un joueur qui quitte le court sur blessure. […] Novak Djoković a donné absolument toute sa vie pour ce sport pendant 20 ans, il a gagné ce tournoi avec une déchirure abdominale, puis avec une déchirure au bras, s’il doit sortir aujourd’hui ça veut vraiment dire qu’il ne peut pas continuer à jouer ce match. S’il-vous-plaît, soyez respectueux et envoyez-lui de l’amour.”
Quelques jours plus tôt, à l’issue de sa victoire au 4e tour du tournoi, il avait choisi de ne pas faire l’interview d’après-match, s’exposant à une amende pouvant s’élever à 20000 dollars : “J’ai jugé que c’était la chose à faire”, a-t-il expliqué plus tard. La raison de ce boycott : les commentaires désobligeants de Mark Jones, présentateur star de Channel 9, la chaîne australienne qui diffuse le tournoi. Djoković expliquait ainsi : “Il y a quelques jours, un célèbre journaliste qui travaille pour le diffuseur officiel en Australie, Channel 9, s’est moqué des supporters serbes et a fait des commentaires offensants et insultants à mon égard. Depuis, il a choisi de ne pas présenter d’excuses publiques, Channel 9 non plus. Comme c’est le diffuseur officiel, j’ai choisi de ne pas donner d’interview à cette chaîne.”
Mais pourquoi certains Australiens détestent-ils à ce point Novak Djoković, et de façon aussi décomplexée ? Cela remonte sans doute à l’année 2022, lorsque le Serbe a été interdit de rentrer en Australie pour participer au tournoi, parce qu’il n’avait pas de vaccin contre le Covid. Il a alors subi une campagne de diffamation d’un violence rare de la part de nombreux médias australiens, mais aussi de nombreuses personnalités du pays, dont des politiques. Il a été accusé d’avoir triché pour pouvoir entrer sans vaccin contrairement à ce qui avait été exigé par les autorités australiennes. Il a ainsi été arrêté à l’aéroport et mis en quarantaine dans un hôtel, pendant que tout un pays s’acharnait contre lui, le traitant de menteur, d’orgueilleux se croyant au-dessus des lois, etc.
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Les affirmations du patron du tennis australien, Craig Tiley, n’ont rien changé : “Djoković a demandé une dérogation médicale qui lui a été octroyée après un examen rigoureux (de sa demande) impliquant deux groupes différents et indépendants d’experts médicaux », précisait-il dans un communiqué. Puis : “Toute personne remplissant les conditions a été autorisée à entrer. Il n’y a pas eu de faveur spéciale. Il n’y a pas eu de traitement spécial accordé à Novak”. On apprenait également que les deux groupes travaillaient sur des dossiers anonymisés et ne pouvaient donc pas savoir qu’ils étudiaient le cas du Serbe. Ils avaient tous les deux donné leur accord.
Malgré ça, le Premier ministre australien, Scott Morrison, avait personnellement pris la parole pour demander des sanctions très sévères contre Novak Djoković. Une fermeté que certains attribuaient à l’approche des élections en Australie, Morrison souhaitant ainsi se présenter comme un dirigeant ferme et soucieux des intérêts de son peuple. D’autres ont vu une autre explication possible dans cette violence de Morrison : l’un de ses proches conseiller avait peu de temps auparavant travaillé pour l’entreprise minière australienne Rio Tinto. Laquelle travaillait à ce moment-là sur un projet de mine gigantesque en Serbie, projet qui avait provoqué de nombreuses manifestations dans tout le pays, poussant le gouvernement d’Ana Brnabić à couper court aux négociations. Scott Morrison s’est-il vengé de la Serbie en s’acharnant ainsi sur Djoković, présentant ainsi tous les Serbes comme des barbares arriérés, menteur et tricheurs ?
Quelques jours avant le début de l’Open d’Australie, une interview du Serbe réalisée plusieurs mois plus tôt a été publiée sur le site de GQ, dans laquelle le Serbe révélait qu’à son retour d’Australie en 2022, des taux très élevés de métaux lourds avaient été relevés dans son sang. Un empoisonnement dont Djoković affirmait qu’il ne pouvait avoir eu lieu que pendant sa détention à Melbourne. Une accusation grave qui n’a sans doute pas facilité ce nouveau séjour du Serbe en Australie…