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Djokovic se confie : “Me souvenir de la guerre me donne encore des frissons” 

Dans une interview accordée à La Nacion à Belgrade, la légende du tennis Novak Djokovic s’est confiée dans un ton mesuré sur son enfance au milieu des bombes et sur les sujets qui lui sont chers.

Après avoir passé plus de 25 ans à voyager, à vivre une vingtaine d’années en dehors de la Serbie, Novak se dit heureux de pouvoir passer davantage de temps à Belgrade, sa ville natale auprès de son peuple et sa famille où il se sent chez lui. 

« Belgrade est ma maison, l’énergie est particulière ici, il y a un proverbe serbe qui dit « Voyage partout mais reviens à la maison« .« 

Il a évoqué l’histoire riche de la nation serbe, son ancienneté et a partagé un fait intéressant sur la capitale serbe qui a forgé l’esprit serbe.

« Belgrade est la ville européenne qui a été le plus détruite, elle a été reconstruite 49 fois. Cette ville à une âme et une résilience extraordinaire que j’ai aussi en moi. Celle de ne rien lâcher, d’être fier d’où l’on vient.« 

Novak a partagé des souvenirs sur la guerre, notamment les conséquences des sanctions occidentales sur la Yougoslavie (Serbie).

« Je me souviens que j’accompagnais mon grand-père pour aller récupérer du pain gratuitement pour la famille, on vivait tous ensemble dans un petit appartement.« 

Il a évoqué la première fois que lui et sa famille ont dû se réfugier dans la cave lors des bombardements de l’OTAN sur Belgrade en 1999 qui ont visé les civils.

« Ma mère s’était cognée la tête contre le radiateur dans le noir et avait perdu connaissance. Il était donc 3 heures du matin et mon père avait sa femme inconsciente. Moi, qui avait 12 ans, et mes jeunes frères, âgés de 8 et 4 ans, nous avons pleuré. C’était la panique totale.« 

Ces événements ont soudé sa famille et forgé son caractère en tant qu’aîné.

« J’ai dû assumer des responsabilités et partager le rôle de mon père, car j’étais le fils aîné et je n’avais pas le temps. Mon père me parlait comme un adulte : “Tu dois faire ça, emmène tes frères là-bas, va ici.” C’était la guerre. Tout le monde est paniqué, perdu, tout le monde crie, tout le monde a peur. Rien que de m’en souvenir, ça me donne des frissons et la chair de poule, c’est une sensation terrible.« 

Novak a ajouté qu’il n’avait pas encore tout expliqué à ses enfants, mais qu’il le fera lorsqu’ils seront plus matures et qu’il ne leur inculquera pas de rancœur envers les pays qui ont bombardé la Serbie. Revenant sur le passé, il a insisté pour évoquer les souffrances de son pays mais aussi des autres de l’ex-Yougoslavie et que les tensions toujours présentes doivent être dépassées.

« Je n’oublie pas l’histoire, j’ai conscience des faits qui se sont déroulés, car ça impacte notre vie et notre vision des choses, mais on doit aller de l’avant et ne pas rester emprisonné dans des chaînes.« 

Il souhaite désormais profiter de son statut pour améliorer la situation dans son pays et dans la région via sa fondation qui a aidé environ 25 000 enfants dans le domaine de l’éducation.

« Quand je vois des enfants souffrir ça me brise le coeur […] ce sont les êtres les plus purs, ils méritent le meilleur pour le futur.« 

Novak a également parlé des autres sujets qui lui sont chers en dehors de la Serbie. 

« Quand je vois ce qui se passe aussi au Moyen Orient depuis 25-30 ans avec ces pays bombardés ça me brise le coeur. Après tant d’années, utiliser des armes contre des civils au XXIe siècle, c’est épouvantable.« 

Parmi les autres causes, il mentionne son association des joueurs professionnels de tennis, la protection de la nature, des animaux et les personnes qui souffrent de problèmes de santé.

« J’imagine le futur avec des gens sains physiquement et mentalement, plus connectés à la nature. Les villes n’arrêtent pas de construire oubliant l’écologie, l’importance de chaque arbre […] Nous passons trop de temps à l’intérieur avec nos téléphones au lieu de vivre dehors.« 

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