Le jeudi 23 janvier, le gouvernement croate a conseillé à ses citoyens de repousser tout voyage “non-essentiel” chez leur voisin serbe “en raison des actions inappropriées et infondées enregistrées par les autorités de la République de Serbie à l’égard des citoyens croates”. En cause, l’arrestation et l’expulsion, mardi 21 janvier, de cinq militantes des droits civiques croates dans un hôtel de Belgrade. Ces femmes ont été arrêtées, interrogées sur les raisons de leur présence à Belgrade, puis libérées avec l’ordre de quitter la Serbie dans les 24 heures et l’interdiction d’y revenir pendant un an.
Les autorités serbes se défendent en présentant ces cinq femmes comme des “activistes” qui menaceraient “la sécurité nationale”. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères affirme qu’elles ont été “traitées selon la procédure légale et les pratiques internationales habituelles”, alors, dit-il, que la réciproque ne serait pas vraie : “Les citoyens serbes en Croatie sont souvent traités de façon illégale, en contradiction avec les valeurs européennes et le simple bon sens”.
Ce communiqué demande également à la Croatie d’expliquer “pourquoi aucun autre citoyen croate en Serbie n’a vécu le moindre événement de ce genre” et finit sur un sous-entendu transparent : la Croatie “devrait aussi expliquer ce que ces personnes faisaient vraiment en Serbie”.
Le sous-entendu est clair : Belgrade craint que ces activistes des droits sociaux ne soient venus observer les manifestations massives qui secouent la capitale et plusieurs autres villes de Serbie suite au drame de Novi Sad. Il y a quelques semaines déjà, des étudiants venus de Croatie repérés dans les manifestations ont été accusés d’être des agents de l’étranger. La chanteuse Severina, très connue dans les Balkans, avait quant à elle décidé de faire demi-tour après avoir été retenue plusieurs heures à la frontière alors qu’elle se rendait en Serbie, accusée elle aussi de soutenir ces manifestations.
Beaucoup d’observateurs, serbes comme étrangers, considèrent que ces manifestations sont financées par l’étranger et dénoncent une nouvelle tentative de révolution de couleur. Les manifestants de leur côté se défendent de toute ingérence étrangère, les drapeaux autres que Serbes étant même régulièrement refusés dans les manifestations.
D’autres personnes ont été arrêtées en même temps que les cinq citoyennes croates : des citoyens de Roumanie, Slovénie, Bosnie and Macédoine du Nord.