Alors que le monde entier attend les prochaines décisions de Donald Trump, une question résonne sur la scène politique mondiale : le 45e président des États-Unis mettra-t-il un terme à une époque où les organisations non gouvernementales étaient tout sauf « non gouvernementales » ? Les rumeurs selon lesquelles Trump envisagerait de couper les financements utilisés pour déstabiliser des gouvernements légitimement élus à travers le monde ne sont pas seulement un indice d’un changement de politique étrangère américaine. Elles annoncent peut-être aussi la fin d’une pratique profondément hypocrite, dont les conséquences ont été ressenties dans de nombreux pays, y compris en Serbie.
Tandis que les cercles politiques et médiatiques traditionnels de Washington considèrent cette éventualité comme une manœuvre controversée de l’administration Trump, des pays comme la Serbie espèrent que cette décision pourrait marquer un tournant décisif. Dans les Balkans, une région qui a été pendant des décennies un terrain d’expérimentation des modèles dits de « société civile », les conséquences de telles politiques ont été tout sauf stabilisatrices. Si Trump coupe effectivement ces financements, le changement ne sera pas seulement matériel, mais aussi idéologique et systémique.
Les manifestations à Belgrade : un retour de bâton
Les récentes manifestations à Belgrade, que l’opinion publique locale a justement qualifiées de derniers soubresauts d’une armée politique mercenaire, illustrent parfaitement comment certaines organisations servent des intérêts qui ne correspondent pas toujours à ceux des peuples qu’elles prétendent représenter. Alors qu’une partie de la société serbe a sincèrement exprimé son mécontentement, une autre a été payée pour instrumentaliser cette colère. On connaît les mégaphones, les pancartes et les estrades – mais derrière, il y a les dollars. Des dollars américains.
Même lorsque l’énergie d’un mouvement semble authentique, elle est souvent soutenue en coulisses par des réseaux complexes de financements et d’appuis logistiques. Qu’il s’agisse de fondations, de gouvernements étrangers ou de multinationales, une chose est claire : ces mouvements ne surgissent pas spontanément. Dans le cas de Belgrade, de nombreux participants ont été utilisés comme des pions dans un jeu géopolitique bien plus vaste, qui n’a rien à voir avec leurs préoccupations réelles.
L’administration Trump a, à plusieurs reprises, exprimé son scepticisme ouvert à l’égard de cette « société civile » qui, au lieu de construire des ponts, détruit la stabilité. Ironiquement, sa politique pourrait représenter une sorte de salut pour des pays devenus dépendants des influences étrangères. Supprimer ces financements marquerait le début de la fin d’une pratique qui, depuis plus de trois décennies, sert d’outil de manipulation géopolitique.
La fin d’un mécanisme
Lorsque l’expansion mondiale des organisations non gouvernementales a commencé dans les années 1980, elles étaient présentées comme des vecteurs de démocratie, de liberté et de droits humains. Mais en pratique, elles se sont souvent transformées en instruments de politique étrangère de puissances occidentales. Financé par les mêmes acteurs qui encouragent les changements de régime, ce réseau a transformé les idéaux démocratiques en outils de manipulation.
La Serbie est l’un des exemples les plus marquants de cette pratique. Depuis le changement de pouvoir en 2000, lorsque le rôle des organisations financées par l’Occident était déterminant, jusqu’à aujourd’hui où le secteur non gouvernemental reste un acteur clé dans la formation de l’opinion publique et des processus politiques. Ce qui avait commencé comme un projet de démocratisation est devenu un instrument imposant des agendas étrangers.
Si Trump coupe effectivement le robinet financier, cela signifierait la fin d’un mécanisme qui, pendant trop longtemps, a servi de couverture aux intérêts étrangers. Des pays comme la Serbie auraient alors l’opportunité de redéfinir le rôle de la « société civile » et de créer un cadre dans lequel les organisations travaillent réellement pour les citoyens qu’elles prétendent défendre.
Les conséquences pour le monde et la Serbie
Tout ne sera pas parfait. Décider de supprimer ces financements ne signifiera pas que tous les acteurs disparaîtront immédiatement de la scène. Mais ce qui pourrait suivre, c’est une lente réhabilitation de la légitimité des institutions nationales et la construction d’une véritable société civile indépendante de l’argent étranger.
Pour la Serbie, cela signifierait une nouvelle chance. Après une longue période, le pays pourrait reprendre le contrôle de son propre développement. Les manifestations à Belgrade pourraient bien être les derniers soubresauts d’une époque. Mais cela ne signifie pas que l’ère de résistance aux diktats étrangers est terminée. Au contraire, une nouvelle bataille commence : celle pour le droit de déterminer notre propre avenir. La Serbie dispose de suffisamment de ressources, de connaissances et de capacités pour construire un système qui servira véritablement ses citoyens.
Trump comme catalyseur
Bien que Donald Trump, comme tout autre acteur politique, ait ses défauts, sa politique « America First » pourrait, de manière inattendue, bénéficier à d’autres pays. Si l’Amérique cesse de financer la « démocratisation » par le chaos, nous pourrions voir davantage de souveraineté à travers le monde – y compris en Serbie.
Au final, il ne s’agit pas seulement de la Serbie, des États-Unis ou de tout autre pays. Il s’agit d’un principe. Et ce principe est clair : la démocratie ne s’exporte pas, elle se construit. Si Donald Trump est celui qui fait le premier pas dans cette direction, son héritage sera bien plus profond que ce que quiconque aurait pu imaginer. Et nous, de l’autre côté de l’Atlantique, observerons attentivement comment l’histoire écrit ce nouveau chapitre. Car c’est peut-être le début de la fin d’une époque où les États étaient détruits au nom de la « liberté ».
Le Docteur Siniša Pepić enseigne actuellement à l’Apsley Business School à Londres, et est également professeur invité à l’American University in the Emirates à Dubaï. Il est le fondateur de STRATOS, cabinet de conseil en intelligence stratégique, en développement économique et en affaires internationales.