Dimanche 9 février, les habitants du Kosovo étaient appelés aux urnes pour élire leur nouveau parlement.
Le 10 février à 14h, le décompte des votes n’étaient pas encore terminé, mais des résultats préliminaires étaient publiés régulièrement. Le dernier, établi sur la base d’un dépouillement des 93% des bulletins, donnait Vetëvendosje, le parti d’Albin Kurti, Premier ministre sortant, vainqueur avec 41% des voix, soit un peu moins de deux fois plus que le parti classé deuxième, le Parti Démocratique du Kosovo, qui remporte 22% des suffrages. La Ligue Démocratique du Kosovo obtient 17% des votes, l’Alliance pour l’Avenir du Kosovo 7%, la Liste Serbe 3% et la Coalition pour les Familles 2%.
Cette victoire de Vetëvendosje est toutefois relative puisque ce score de 41% ne lui permettra sans doute pas de former un gouvernement seul. Dès l’annonce des résultats définitifs, les différents partis en présence seront donc en négociation pour tenter de former une coalition possédant la majorité absolue. Un jeu d’alliances qui a déjà été lancé par Ramush Haradinaj, ancien Premier ministre du Kosovo et leader de l’Alliance pour l’Avenir du Kosovo, qui a annoncé dès lundi qu’il coopèrerait avec les partis d’opposition pour former une majorité, en excluant d’office toute coalition avec Albin Kurti.
Par ailleurs, Vetëvendosje perd 10% des suffrages par rapport aux dernières élections, ce qui sonne comme un désaveu de la politique de Kurti pendant son dernier mandat. Le porte-parole du Parti Démocratique du Kosovo, Blerand Stavileci, a d’ailleurs analysé ainsi le bon résultat de son parti : “Il est clair que la majorité des citoyens ont tourné le dos à ce gouvernement. Nos citoyens ont montré que le Kosovo peut faire mieux.”
Albin Kurti a réagi assez fortement à l’annonce de ces résultats, allant jusqu’à traiter les députés d’opposition nouvellement élus de “monstres” et de “bétail”. Une violence qui fait écho à celle observée tout au long de la campagne, pendant laquelle un “Comité des plaintes et des recours” spécialement créé pour superviser la bonne tenue des débats a distribué pour plusieurs centaines de milliers d’euros d’amende aux différents partis politiques en présence. L’immense majorité de ces amendes ont été infligées pour des cas de “discours haineux” entre candidats.
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Autre exemple de ce climat de violence extrême : le ministre sortant du Développement régional, Fikrim Damka, a été arrêté dimanche à Prizren avec un membre de sa famille, pour “agression et menaces”. Ils auraient attaqué deux membres d’un parti représentatif de la minorité turc du Kosovo, dont une candidate.
Concernant la minorité serbe, elle a massivement voté pour la Liste Serbe, le parti soutenu par Belgrade, qui obtient les 10 sièges réservés à la minorité serbe. “Le peuple serbe a montré, par son soutien massif à la Liste serbe, qu’il n’a pas été brisé par les années de terreur du régime d’Albin Kurti et que notre peuple au Kosovo-Metohija est prêt et disposé à poursuivre le juste combat pour une vie digne”, a déclaré le ministre serbe des Affaires étrangères, Marko Đurić. Certains Serbes du Kosovo dénoncent néanmoins ce soutien, accusant Belgrade de vouloir faire taire les voix discordantes au sein de la minorité serbe.
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