Le 5 décembre, les enquêteurs de la mission Eulex au Kosovo ont arrêté l’ancien commandant de l’Armée de libération du Kosovo, Isni Kilaj, l’ancien chef des services de renseignement du Kosovo, Bashkim Smakaj, et Fadil Fazli, qui est le frère de deux combattants de l’UCK tombés au combat contre la police serbe à la fin du siècle dernier.
Dans un communiqué, le Tribunal spécial de la Haye a indiqué avoir demandé les arrestations de ces trois hommes car ils sont soupçonnés du délit « d’entrave à la Justice », plus précisément d’avoir intimidé des témoins ou d’avoir divulgué des informations sur des témoins protégés.
Comme nous l’avons détaillé dans un précédent article, les procès des anciens membres de l’UCK sont en effet entachés par les pressions exercées sur les témoins, qui oublient soudain devant le tribunal tout ce qu’ils avaient à dire. D’autres, à la mémoire plus solide, disparaissent purement et simplement, comme Fadil Syleviqi, Nazmi Rrustemi, deux témoins à charge dans les procès d’anciens membres de l’UCK retrouvés morts à un an d’intervalle exactement sur les rives du même lac au Kosovo.
Ces arrestations provoquent un grand scandale parmi les Albanais du Kosovo, pour qui les combattants de l’UCK sont des « combattants de la liberté » et des « héros du peuple ». Le journaliste Besnik Krasniqi a par exemple déclaré que les arrestations d’aujourd’hui du Special à La Haye sont plutôt « un moyen d’exprimer la frustration du bureau du procureur, car il ne peut pas prouver l’accusation principale, à savoir l’entreprise criminelle commune ». Il précise néanmoins juste après que « les principaux accusés étant membres de l’état-major général de l’UCK, ils ont ordonné l’assassinat d’opposants politiques et de personnes ayant coopéré avec la Serbie », ce qui est justement l’accusation principale…
Le 6 décembre en milieu de journée, les trois hommes ont été envoyés vers la Haye.
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[MAJ le 9 décembre]
L’ex-président du Kosovo Hashim Thaçi, qui est déjà jugé à la Haye pour crime de guerre, a lui aussi été inculpé en surplus pour « obstruction », ainsi que pour « outrage à la cour ».