Le 29 novembre, des députés du Mouvement socialiste, dont le fondateur est le vice-président du gouvernement serbe Aleksandar Vulin, ont soumis au parlement un projet de loi sur les agents d’influence étrangère.
Le projet de loi a été déposé par les députés Đorđe Komlenski (photo) et Bojan Torbica. Dans ce projet de loi, sont considérés comme « agents » toutes les associations et organisations à but non lucratif qui sont principalement financées ou autrement assistées par des entités étrangères.
Le vice-Premier ministre de Serbie, Aleksandar Vulin, a déclaré que ce projet était semblable à la loi Fara, qui impose aux ONG travaillant sur le sol américain « à titre politique ou quasi-politique » de divulguer leurs éventuelles relations avec des gouvernements étrangers et de fournir des informations sur leurs financements.
« Pourquoi serait-il un problème qu’on sache d’où les ONG obtiennent leur argent, qui le leur fournit, et comment elles le dépensent », a déclaré Vulin sur la chaine B92, ajoutant que ces ONGs sont « le levier principal des révolutions colorées ».
Comme ce fut le cas en octobre lorsqu’une loi semblable a été proposée au Monténégro, de nombreuses réactions se sont rapidement élevées. La presse a massivement comparé ce projet de loi – dont elle ne connaissait parfois pas les détails – à « une loi russe », ne parlant de Vulin que comme « le pro-russe Vulin ».
Momir Stojanović, ancien directeur des renseignements militaires en Serbie et au Monténégro, a par exemple déclaré dans N1 que la Serbie « glisse vers la plus noire des dictatures », non sans prendre de soin de préciser que « Personne ne nie le droit d’une société démocratique de façonner son avenir libre de toute influence étrangère », mais insistant néanmoins sur le fait que « le vrai but de cette loi serait de museler les citoyens ».
Le Département d’État américain a lui aussi fait part de sa préoccupation : arguant qu’une telle loi « pourrait réduire l’espace d’action de la société civile, stigmatiser les organisations de la société civile qui œuvrent pour améliorer la vie des citoyens serbes et entraver le travail des médias indépendants qui fournissent au public des informations précises ».
Plus tôt cette année, la République serbe de Bosnie avait elle aussi voulu introduire une loi sur les agents étrangers mais avait fait marche arrière suite à des pressions de l’Union européenne et des États-Unis.
Rappelons que l’adoption d’une loi semblable par la Géorgie est au cœur des manifestations qui enflamment en ce moment la capitale Tbilissi.