Samedi 28 septembre à Belgrade, l’équipe de France militaire de rugby, sacrée championne du monde en Bretagne l’été dernier, a rencontré l’équipe nationale serbe au stade Jusa Bulić à Belgrade. Une rencontre qui s’est conclue par une victoire nette des Français, 64 à 0. Nous avons échangé avec Laurent Sclafer, manager général de l’équipe de France militaire de rugby.
BA/ Dans quel contexte s’est tenue cette rencontre ?
J’étais en contact avec le manager de l’équipe serbe, Michel Milosević, serbe qui a été entraîneur en France avant de repartir entraîner l’équipe nationale serbe de rugby. Il voulait faire jouer son équipe avant leur premier match du tournoi “Rugby Europe Conference”, qui se tiendra le 5 octobre à Belgrade contre la Moldavie. De mon côté, je cherchais un match pour relancer l’équipe, qui n’a pas joué depuis son sacre de Champion du monde l’été dernier, avant le match que nous jouerons le 22 février en Bretagne face aux Pays-Bas.
BA/ La Serbie n’est pas réputée pour être une grande terre de rugby. Comment s’est déroulée la rencontre ?
Effectivement, c’est un pays qui joue peu au rugby. Bien entendu, nous savions bien que l’équipe de Serbie ne nous opposerait pas un rugby du meilleur niveau, sur le plan technique. Mais ce n’est pas ce que je cherchais : je voulais rencontrer une équipe capable de proposer un jeu viril, agressif. Le peuple serbe a connu la guerre il n’y a pas si longtemps que ça…
Je cherchais ça pour tester des nouveaux joueurs : je suis parti avec une équipe ne comptant que 20% de champions du monde. Tous les autres étaient là pour être testés, et j’ai obtenu ce que je voulais : nous avons fait face à une équipe très accrocheuse, les 20 premières minutes ont même été assez dures parce que nous avons été contrariés par les Serbes, qui nous ont fait faire beaucoup de fautes, beaucoup d’erreurs.
Finalement, les qualités techniques de nos joueurs ont fait que nous avons repris le dessus. Mais cette énergie en face m’a permis de mieux étudier certains nouveaux, mis face à une vraie difficulté.
BA/ L’histoire entre nos deux pays est bousculée : la longue amitié franco-serbe remontant à Hélène d’Anjou au XIIIe siècle, consolidée dans le sang sur le front des Balkans pendant la première Guerre mondiale, a été mise à mal par les conflits qui ont accompagné l’éclatement de la Yougoslavie et l’engagement de la France contre la Serbie. Comment se sont passés les contacts avec les Serbes ?
Nous avons pris le temps d’expliquer tout ça à nos joueurs, dont certains n’étaient même pas nés dans les années 90 et n’avaient qu’une vague idée de ce que vous me dites. Nous leur avons expliqué le passé, cette relation un peu houleuse, qui d’ailleurs semble s’apaiser un peu ces derniers temps, notamment avec le dernier voyage du Président Macron à Belgrade.
Malheureusement nous avons dû modifier notre programme à cause d’un problème avec les bagages. Nous avons dû annuler des entraînements, mais aussi des visites et des rencontres. Finalement, nous n’avons pu visiter Belgrade qu’une demi-journée : nous sommes allés voir la magnifique cathédrale Saint-Sava et avons été reçus à l’Ambassade de France.
Quoi qu’il en soit, le peu d’échanges que nous avons eus avec des Serbes ont été très agréables. Les Serbes sont des gens fabuleux, qui se sont montrés très heureux de nous recevoir, très fiers de jouer contre nous aussi. À chacun de nos déplacements, notre bus était escorté par la police, et si certains ont pu se sentir inquiets au début ça n’a pas duré : nous n’avons eu que des bonnes expériences. Et nous conservons un lien avec l’équipe de Serbie : je viens par exemple de leur envoyer une petite vidéo où je leur souhaite, au nom de toute l’équipe, bonne chance dans leur match contre la Moldavie demain [entretien réalisé le 4 octobre, NDLR].
