Le personnage de Nosferatu continue de fasciner, plus d’un siècle après la sortie du film culte de l’Allemand Friedrich Wilhelm Murnau, film fondateur du genre de l’horreur. En effet, un nouveau Nosferatu est sorti le 25 décembre dernier au cinéma, réalisé cette fois-ci par Robert Eggers, considéré par l’un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération.
Si la figure du vampire est aujourd’hui principalement associée à la Roumanie, notamment du fait de l’importance du Dracula de Bram Stoker, il n’en reste pas moins qu’elle est également très liée à la Serbie.
En effet, Albin Grau, producteur du premier Nosferatu déjà cité, a été fasciné par sa rencontre, alors qu’il servait dans l’armée allemande lors de la Première Guerre mondiale, avec un paysan serbe lui ayant raconté que son propre père était revenu des morts. C’est sans doute cette rencontre qui l’incita quelques années plus tard à produire Nosferatu, en s’inspirant également du Dracula de Bram Stoker. Ne disposant par les droits d’auteurs, Albin Grau avait demandé au scénariste Henrik Galeen de modifier des éléments du film. Dracula est alors devenu Orlok, les lieux ont été modifiés ainsi que les noms de tous les personnages, mais les modifications apportées n’ont pas suffi pour éviter les poursuites de la famille Stoker, qui a finalement eu gain de cause.
Mais ce n’est pas tout : le mot “vampire” lui-même, qui désigne aujourd’hui partout dans le monde un “revenant suçant le sang des vivants”, vient du serbe. Il serait apparu pour la première fois dans un rapport publié dans le journal autrichien Wienerisches Diarium en 1725 pour évoquer le cas de Petar Blagojević, paysan serbe du village de Kisiljevo, dans l’Est de la Serbie actuelle. Cette partie de la Serbie était alors sous occupation autrichienne, ce qui explique que ce soit la police autrichienne qui se soit emparé de l’affaire et ai rédigé ce rapport, paru ensuite dans la presse en Autriche. Petar Blagojević, mort à 62 ans en 1725, serait revenu à plusieurs reprises voir ses proches pour leur demander, selon les versions, de quoi manger ou de quoi se vêtir. Suite à leur refus, il les aurait tués, avant de revenir mordre d’autres habitants du village, qui moururent peu après.
Les autorités, alertées, envoyèrent un policier et un pope, qui déterrèrent le mort, retrouvé en parfait état et la bouche pleine de sang. Un pieu lui fut enfoncé dans le cœur et son corps fut incinéré, ce qui mit fin aux morts suspectes. Il convient de noter que le village de Kisiljevo se trouve à la frontière avec la Roumanie.
D’autres sources affirment que le mot “vampire” est apparu la première fois un peu plus tard, en 1732, mais également en lien avec plusieurs affaires survenues en Serbie, dont celle du paysan Petar Blagojević. La multiplication de cas de vampirisme aurait poussé les autorités autrichiennes à mener une série d’enquêtes, dont le rapport final, rédigé à Belgrade en 1732, serait le premier à comporter une mention du mot “vampire”.
Quoi qu’il en soit, la figure du vampire a bien pris naissance en Serbie avant de se propager dans toute l’Europe, subissant l’influence des écrivains et cinéastes qui ont forgé l’image du vampire que l’on a aujourd’hui.