Annulation du contrat S400 serbe : une nouvelle opération germano-otanienne

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Le 5 novembre 2019, le président du gouvernement serbe, Aleksandar Vucic, a décidé d’annuler le contrat en cours de négociation avec l’entreprise publique russe Almaz-Antey, spécialisée dans la production de systèmes de défense aérienne de courte à longue portée, notamment les systèmes Pantsir S-1 (SA-22 Greyhound en code OTAN) et S-400 Triomph (SA-21 Growler en code OTAN) concernés par le contrat. Une annulation qui révèle des pressions pesant sur la Serbie…

Ce dernier a été lancé à l’issue de l’exercice « Bouclier Slave » qui s’est déroulé en deux étapes : la première étape a lieu durant le mois de septembre 2019, où les soldats serbes et russes spécialisés dans la défense anti-aérienne ont participé à une formation commune au Centre de formation et d’application des forces aérospatiales russes (Воздушно-космические силы), et la deuxième étape a donné lieu à un exercice grandeur nature de 3 jours entre le 24 et le 29 octobre 2019. Cet exercice particulier, lancé conjointement à l’exercice « Fraternité Slave » vise à améliorer l’interopérabilité entre les forces aériennes et les forces de défense anti-aérienne des trois pays participants notamment la Russie, la Biélorussie et la Serbie. Les deux parties s’étaient mises d’accord pour que le paiement soit réalisé sur la base d’un crédit de long terme, la Serbie n’ayant pas au moment de la négociation la somme convenue de 500 millions de dollars ( 31 062 160 158 milliards de roubles, 52 365 411 979 milliards de dinars serbes).

D’après l’agence russe InterTass, l’annulation de ce contrat est due aux pressions américaines assorties de menaces de sanctions que la Serbie subit, par le biais du Département d’Etat américain et plus particulièrement Matthew Palmer, l’actuel représentant spécial du département d’État américain pour les Balkans Occidentaux et anciennement directeur du bureau Europe Centrale et Orientale au sein du même ministère. Un tel poste à responsabilité souligne une proximité de vue avec l’ancienne secrétaire d’État américaine, Victoria Nuland, bien connue pour ses déclarations incendiaires, notamment son fameux « Fuck the Eu » lors des premiers mois de la crise ukrainienne, ce qui montre bien en quelle estime les Etats-Unis tiennent l’Union Européenne et leurs homologues du Service Européen d’Action Extérieure, ainsi que pour ses prises de positions néo-conservatrices, puisque Victoria Nuland n’est ni plus ni moins que l’épouse de Robert Kagan, chef de file des néo-conservateurs américains, cofondateur de l’ancien think-tank Project for New American Century qui regroupe des personnalités profondément anti-russes comme l’ancien conseiller à la sécurité nationale et auteur Zbigniew Brzezinski ou encore Samuel Huntington, tenant de la théorie du choc des civilisations.

Pour l’Allemagne, l’objectif est de retrouver sa sphère d’influence traditionnelle

De plus, cet évènement intervient dans un contexte d’offensive diplomatique allemande, marqué par les déclarations des 7 et 8 juin dernier de la chancelière Angela Merkel dans lesquelles elle affirmait « vouloir favoriser l’intégration des pays des Balkans Occidentaux au sein de l’Union européenne » et de son corollaire militaire, l’OTAN qui a déjà intégré en son sein le Monténegro (2009) et l’Albanie (2006), la mise en accusation de l’ancien premier Ministre kosovar et criminel de guerre kosovar, Ramush Haradinaj, très proche du Bundes Nachrichten Dienst, le service de renseignement extérieur allemand, qui a formé les miliciens de l’UCK et monté l’Opération Fer-à-Cheval en 1999 afin de légitimer l’opération militaire Force Alliée en 1999. Parallèlement à ces considérations géopolitiques, par ces actions, l’Allemagne cherche à renforcer son emprise économique dans les Balkans et cherche à reconstruire la Mitteleuropa allemand, sa traditionnelle sphère d’influence.

Or les velléités serbes d’adoption du système d’arme russe S-400 soulignent une volonté serbe de s’affirmer comme la puissance militaire majeure des Balkans soutenue par la Russie, comme l’ont souligné la tenue récente des exercices militaires « Fraternité Slave » et « Bouclier Slave », et démontrent que la Serbie constitue le pivot stratégique majeur des Balkans, au vu des disputes diplomatiques que suscitent l’adhésion prochaine de la Serbie à L’Union Européenne et l’exacerbation des tensions entre la Serbie et le Kosovo quant à la détermination des frontières, au statut régulièrement violé de la minorité et des enclaves serbes du Kosovo comme l’ont montré les nombreuses exactions commises par l’unité spéciale de la police kosovar (ROSU) dont Belgrade est la garante et la modification du statut du Corps de protection du Kosovo (TMK) intervenu en janvier 2019 qui passera de force de sécurité intérieure à celles de force armée à part entière, en violation des dispositions de la résolution 1244 des Nations Unis qui interdisent au Kosovo de se doter d’une force armée autonome.

La rédaction de Balkans-Actu

La rédaction de Balkans-Actu

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