Cet exercice trinational de projection de forces spéciales/aéroportées intéressant la Russie, la Biélorussie et la Serbie a eu lieu au cours du mois de juin 2019 à Pancevo, dans la banlieue nord de Belgrade. Il reprend le concept de l’exercice antiterroriste russo-serbe « Srem 2014 » qui avait fait forte impression par son contenu et le message politique sous-tendu par cet exercice, destiné à « préparer et mettre en œuvre un groupe conjoint dans une opération militaire spéciale, visant à détecter et à éliminer un centre de formation de groupes armés illégaux », et le complète en mettant en œuvre un scénario plus complexe et l’utilisation de véhicules. Les unités déployées au cours de cet exercice étaient vraisemblablement des éléments du 63ème bataillon parachutiste de la Speciajlna Brigada serbe (300 éléments), du 45ème régiment indépendant de reconnaissance de la Garde (200 éléments) et de 60 parachutistes de l’ex 5ème brigade Spetsnaz.
De plus, de par sa régularité, cet exercice est à la fois une démonstration de force et un acte diplomatique qui souligne le renforcement des capacités de projection de l’OTSC/ODKB (la Biélorussie et la Serbie sont des membres observateurs de l’OTSC/ODKB). Elle se veut être la réponse russe aux exercices militaires de l’OTAN dans la région, comme SteadFastJazz, Sea Breeze ou encore l’opération Enhanced Forward Presence de l’OTAN, vécues par Moscou, à raison, comme de véritables provocations à chaque édition. Moscou considère toute force armée non alliée déployée dans les 600 kilomètres autour des frontières de la Russie comme une menace potentielle.
En effet, depuis deux ans, la région des Balkans occidentaux redevient un théâtre majeur de confrontation entre l’OTAN et l’OTSC. Ceci s’explique par plusieurs événements marquants dus aux différentes situations géopolitiques créées par les interventions occidentales dans l’espace balkanique, plus particulièrement américaines et allemandes : la réintroduction du service militaire obligatoire au sein des forces armées serbes en octobre 2018, ce qui laisse supposer que l’armée serbe se prépare à une mobilisation générale ; la modification du mandat de la Kosovo Security Force le 14 décembre, qui l’a fait passer d’une force de sécurité civile à une armée régulière ; le meurtre d’Olivier Ivanovic, député serbe du Kosovo le 16 janvier 2018 qui a relancé les tensions interethniques entre Serbes du Kosovo et Albanais du Kosovo dans la ville symbolique de Kosovska Mitrovica ; l’extension de l’OTAN dans la zone balkanique avec l’adhésion de l’Albanie à l’OTAN en 2009, la future adhésion de la Macédoine à l’OTAN et une accentuation de la menace djihadiste particulièrement dans la région du Kosovo, du Sandjak et en Bosnie où la problématique de l’amnistie des anciens moudjahidines de la brigade Al Mujahedeen reste patente.
