Le réalisateur du film « Ténèbres » : Au Kosovo, la peur est toujours là

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Dušan Milić, réalisateur du film « Ténèbres », premier prix du Festival du film de Trieste, s’est rendu plusieurs fois au Kosovo-Métochie pour préparer son film. Celui-ci se déroule juste après les pogroms qui ont frappé les Serbes du Kosovo en mars 2004.

« Je me suis rendu au Kosovo à plusieurs reprises depuis le pogrom de mars 2004, notamment dans le cadre de mes recherches pour le film « Ténèbres » [« Mrak » en serbe et « Darkling » en anglais ; NDT], et je peux affirmer que l’agitation règne toujours dans les enclaves serbes. La peur a peut-être changé de visage, mais elle est toujours là », déclare le réalisateur du film « Ténèbres » Dušan Milić.

En 2004, après le pogrom du mois de mars au Kosovo, une jeune fille, dans l’obscurité de sa chambre, a écrit une lettre au président de l’époque, Boris Tadić, qu’il a lue lors d’une session du Conseil de sécurité. Cette lettre sur la vie difficile des Serbes, et en particulier des enfants du Kosovo, a suscité diverses réactions, l’essentiel étant lié à la peur avec laquelle cette enfant a grandi.

Cette lettre a inspiré le réalisateur Dušan Milić à réaliser le film « Ténèbres », qui a déjà remporté le premier prix lors de la première mondiale au Festival du film de Trieste, conquérant le cœur du public.

« Dès que j’ai lu la lettre de la jeune fille du Kosovo, j’ai ressenti la peur qui s’en dégageait. Elle a mentionné qu’elle était assise dans le noir et le titre du film s’est immédiatement imposé à moi comme l’incarnation de la peur qui habite cette fille », raconte Dušan Milić pour Sputnik.

L’histoire turbulente des Balkans fait l’objet de nombreux films et séries. De nombreux réalisateurs n’ont pas eu besoin de trop de temps pour transposer au cinéma des récits de la guerre en Bosnie ou pendant les bombardements. Cependant, lorsqu’il s’agit du Kosovo, il y en a très peu qui sont prêts à aborder ce sujet et les histoires des enclaves et des monastères serbes sur l’écran de cinéma montrent la Serbie et le monde.

« Quand vous sentez que votre cœur bat vite, que quelque chose se passe dans votre estomac, alors vous savez que vous êtes sur la piste d’une véritable histoire. C’est ce qui m’est arrivé avec ce film. Dès le début, j’étais prêt à prendre de la distance, car sinon ce serait un pamphlet de propagande serbe, ce que je ne voulais pas. Mon objectif est que le film « Ténèbres » soit vu par le plus grand nombre de personnes possible, et ce en tant qu’histoire vraie sur les familles serbes du Kosovo-Métochie », souligne le réalisateur.

Le film traite de la vie des Serbes dans une peur constante, et on est mené à travers l’histoire par une fille, Milica, qui, après la disparition de son père et de son oncle, se retrouve seule avec sa mère et son grand-père dans une maison sinistre dans les montagnes du Kosovo.

« J’ai situé l’histoire dans la période qui a immédiatement suivi le pogrom car, grâce à des conversations avec des Serbes du Kosovo, j’ai appris que la plus grande peur régnait à cette époque. Les Serbes ont compris que le pogrom n’était que le début et ils attendaient le moment où un nouveau pogrom commencerait, ce qui entraînerait leur expulsion complète du Kosovo », a déclaré M. Milić.

« Si la vérité est devant la caméra, elle se déplacera sûrement de l’autre côté, c’est-à-dire vers les spectateurs », estime le réalisateur.

Le film sera présenté en avant-première le 26 février au prochain FEST, et la grande première devant le public national est prévue le 17 mars à Belgrade, 18 ans exactement après le début des pogroms au Kosovo-Métochie.

La rédaction de Balkans-Actu

La rédaction de Balkans-Actu

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